La Casa de Papel : braquage en règle

Difficile de passer à côté de la communication ubiquiste sur cette expérience de jeu immersif. Sous licence Netflix et inspirée par la célèbre série espagnole éponyme, « La Casa de Papel » invite les joueurs à endosser le rôle de gentils touristes venus visiter la Monnaie de Paris, bientôt pris en otage par d’inquiétants braqueurs masqués en combinaison rouge.

La première particularité de l’aventure, qui n’est pas à proprement parler un escape game mais s’apparente plutôt à une fiction théâtrale interactive, c’est la présence de comédiens pour animer l’ensemble des séquences. La seconde, c’est le déroulement in situ dans les locaux de la Monnaie, une occasion exceptionnelle de découvrir aussi bien ses grandes salles d’exposition fastueuses que ses galeries souterraines. Sur le papier, voilà deux caractéristiques plutôt alléchantes et qui présageaient du meilleur !

Malheureusement, rien ne va, mais alors rien du tout, dans « La Casa de Papel » : accessoires factices d’une dramaturgie réduite aux acquets, les comédiens peinent à trouver leur place, obligés de presser les groupes non pas pour créer une tension mais parce que le groupe d’après est à la lisière de notre salle (on n’aura jamais vu une telle tentative éhontée de rentabiliser l’espace-temps, aboutissant à une expulsion immédiate de l’immersion dès qu’on entend les cris et les mouvements du groupe devant ou derrière nous…). On nous avait prévenu que ce n’était pas un escape game, et en effet la dimension ludique est quasi inexistante, tant les énigmes sont du niveau d’une chasse au trésor de CM² et de toute façon monopolisées par les comédiens qui en « résolvent » une bonne partie eux-mêmes.

Si « La Casa de Papel » s’assumait vraiment comme expérience théâtrale, pourquoi pas. Mais celle-ci est absolument désastreuse : les mêmes causes produisant les mêmes effets, semble-t-il, dans ce scénario caricatural et ses saynètes ridicules essayant avec une grande maladresse d’incorporer les joueurs, et où l’on voit ainsi trois fois de suite un braqueur mis à mal par notre complice, exactement de la même façon. Rien n’est crédible, tout se répète avec lassitude, jusqu’à ce moment abyssal où, en déplacement entre deux pièces, on croise des employés de la Monnaie qui n’ont strictement rien à voir avec le jeu, et qui revenaient peut-être de leur pause-toilettes. Comme immersion, on repassera.

Mais le pire, c’est d’avoir l’impression, de A à Z, d’être les protagonistes d’une vaste expérience de merchandising qui commence et s’achève dans une salle de goodies Netflix. Sans compter que le jeu aura duré 45 minutes au lieu des « 60 à 75 minutes » annoncés, pour un tarif exorbitant allant de 30 à 41 € / personne. Bref, une considérable arnaque à éviter à tout prix.

La Casa de Papel, conçu par Fever
https://lacasadepapelexperience.com/paris/