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Le « roll’n’write », mode ludique

Depuis un an, le « roll’n’write » est, avec le jeu d’enquête coopératif, le concept ludique le plus tendance du moment. Issu du yahtzee (ou yam’s), il s’agit de lancer des dés et d’essayer d’obtenir certaines combinaisons, inscrites sur une feuille de score. L’éditeur allemand Schmidt a récemment décliné le concept avec pas moins de 5 jeux du genre (nouveautés et rééditions).

On comprend qu’après le succès de « Qwinto » en 2015, Schmidt ait continué de creuser le sillon du petit jeu d’apéro abstrait (ici, pas de thématisation à la « Saint Malo » ou « Roll Through the Ages »). Avec « Encore ! » de Inka et Markus Brand (par ailleurs auteurs de la série « Exit »), un joueur lance les 6 dés et en choisit deux : un noir et un coloré, le premier indiquant le nombre de cases qu’il peut cocher sur sa grille, et l’autre de quelle couleur. Les autres joueurs choisissent chacun une paire parmi les 4 dés restants. A la fin de la partie, seules les colonnes et les couleurs entièrement cochées rapportent des points. Des règles d’une simplicité enfantine, mais qui requièrent un minimum d’esprit tactique pour optimiser son score. On regrettera seulement que les fins de partie, par pénurie de coups jouables, se transforment en séquences un peu trop automatiques. Par ailleurs, la durée de partie semble un chouïa longuette pour cette catégorie de jeux.

« Très futé » de Wolfgang Warsch (l’auteur du désormais culte « The Mind« ) – et sa variante « Vraiment très futé » (moins agréable que le jeu d’origine) – reposent sur le même principe. La différence tient à la complexité nettement accrue dans la répartition des combinaisons (5 zones correspondant aux couleurs des dés offrant 5 types de contraintes), ainsi qu’à un twist mécanique bien senti : à chaque lancer, le joueur met de côté un seul dé, pour lequel il aura en général intérêt à prendre la valeur la plus élevée, mais avec l’obligation de laisser de côté (donc accessibles aux autres joueurs) les dés de valeurs inférieures. Un petit dilemme qui oblige à modérer ses ardeurs… « Très futé » repose sur l’enchaînement des combos, puisque des bonus remportés en cours de partie permettent de cocher d’autres cases, qui à leur tour… Bref, on comprend pourquoi le jeu a été sélectionné au FIJ de Cannes dans la catégorie Expert, et c’est sans doute notre favori de la gamme, par sa forte rejouabilité.

Grille de score de « Encore ! »

Deux autres options viendront agrémenter la variété de jeux de dés, « Dizzle » de Ralf zur Linde, et « Brikks » également de Wolfgang Warsch. Le premier possède l’originalité d’offrir 4 grilles différentes, soit 4 niveaux de difficulté et autant de variantes de scoring. Ici, une pelletée de dés (entre 7 et 13 selon le nombre de joueurs), qu’il faut poser en fonction de leur valeur afin de compléter non seulement des lignes et des colonnes, mais aussi des cases spéciales, telles que les bombes qui, en explosant, encombreront vos adversaires… Des règles aussi simples que celle de « Encore ! », pour une durée de partie, comme « Encore ! », peut-être un peu longue pour sa catégorie de petit filler. Enfin, inspiré du jeu vidéo culte Tetris, « Brikks » repose sur un choix contraint par un nombre très limité de pièces posables (donc de cases cochables sur la grille), et la nécessité d’optimiser au mieux son positionnement horizontal, puisque le gros du score s’effectue en réalisant, comme dans Tetris, des lignes complètes. Pas plus que dans « Dizzle », on ne trouvera pas de combotage ici, mais un jeu fluide à défaut d’être totalement percutant.

« Très futé », « Vraiment très futé », « Dizzle », « Brikks » et « Encore ! »
1 à 4 (6 pour Dizzle) joueurs à partir de 8 ans.
Durée : 20 à 30 min.